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I

REVUE

ENCYCLOPÉDIQUE.

REVUE

ENCYCLOPÉDIQUE,

ou

ANALYSE RAISONNÉE

DES rfvODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES

«ANS LA LITTÉRATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS,

PAR UNE RÉUNION

DE MEMBRES DE L'INSTITUT,

ET d'autres hommes DE LETTRES.

( totoiàieiiizj Qj\DWiie€j. )

TOME X.

PARIS,

AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE,

Rue d'Enfer-Saint-Michel, n" 18.

:t cuEz ARxnus Bertrand, rue hautefeuille, n* 20.

LONDRES. TREUTTEL ET WURTZ, IT DULAU ET C ''• AVRIL 1821.

a Toutes les sciences sont les rameaux d'une même tige. »

Bacon.

« L'art n'est autre chose que le contrôle et le registre des meilleures

productions A contrôler les productions (et les actions)

d'un chacun, il s'engendre envie des bonnes , et mépris des mau- vaises. >■)

Montaigne.

« Les Lelles -lettres et les sciences, bien étudiées et bien comprises , sont des instruraens universels de raison ^ de vei'tu, de bonheur. »

(M. A. J.) .

REVUE

ENCYCLOPÉDIQUE ,

ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNÉES

Des productions les plus remarquables dans la Littérature , les Sciences et les Arts,

«VV%^VV%tV\(\tiVV\iVWti\>WVWV«WV\r%VV\ivVV\lvllV\ WWVWWW%%IVWMLllA/MiWVI.VM«VW

L MÉMOIRES, NOTICES^

LETTRES ET MÉLANGES.

RAPPORT

Fait à L'Académie des sciences par M. /e eonite de LAcipi;DE, stir /'Histoire naturelle des mammifîîhes, par MM. Geoffroy de Saint -Hilaibe et Frédéric

CÙVIER.

L'académie m'a chargé de lui rendre compte d'un grand ouvrage dont les auteurs lui ont fait hommage , et qui est intitulé : Histoire naturelle des mammifères , avec des figures originales enluminées, dessinées d'après nature sur des individus vivans. C'est à MM. Geoffroy DE Saint-Hilaire , Frédérig Cuvieu et Charles de Lasteyrie que les naturalistes doivent cette histoire.

Depuis long-tems les amis des sciences naturelles désiraient posséder, indépendamment des ouvrages

6 RAPPORT

immortels publiés par les pères de la science sur les mammifères , une collection de figures de ces mammi- fères ou quadrupèdes aussi exactes que le demandait l'état de la science zoologique , et assez belles pour être associées aux savantes descriptions des plus habiles zoologues , ainsi qu'aux magnifiques tableaux de très- grands écrivains. Celles qui avaient été publiées par les éditeurs de Buffon et de Daiibenton , par Pcnna7it, ShaUi Schreber, Allamand, Edward, Daniel, et par d'autres auteurs, ne pouvaient remplir qu'imparfaite- ment les désirs des naturalistes , à une époque les sciences naturelles venaient de faire tant de progrès , et où, chaque jour, leurs trésors étaient augmentés par de célèbres voyageurs. Un grand nombre de ces figures ne donnaient que des idées très-incomplètes des cou- leurs variées , des teintes délicates, des nuances fugitives si nécessaires cependant , dans beaucoup de circons- tances, pour déterminer les caractères des espèces. D'autres ne présentaient aucun de ces traits particuliers de conformation dont l'observation est si importante pour le véritable naturaliste. Celles-ci n'avaient été faites que sur des peaux mal préparées et décolorées par le tems; celles-là n'avaient été dessinées et coloriées que d'après des descriptions trop peu étendues pour com- prendre toutes les formes et toutes les couleurs de l'animal.

L'ouvrage de MM. Geoffroy de Saint-Hilaire , Fré- déric Cuvier et de Lasteyrie a paru aux zoologues ré- pondre à leurs vues et mériter tous les suffrages. Aucun auteur d'une histoire des mammifères n'a eu à sa dis- position une collection aussi belle , aussi rare , aussi

]' AIT A L'ACADIÎMIE DES SCIENCES. 7

nombreuse que celle du Muséum d'histoire naturelle, dont peuvent se servir, pour leurs travaux, les auteurs de l'ouvrage dont j*ai l'honneur de rendre compte à l'académie. Ils en ont profité avec le succès que l'on devait attendre de leurs lumières et de leurs talens. Les dessins et les peintures ont été faits par M. Werner, ou les peintres du Muséum , sous les yeux de l'un des auteurs. Toutes les figures faites sur des animaux vi- vans représentent avec fidélité les formes , les propor- tions, l'attitude , le port, les nuances et la distribution des couleurs , tous les organes extérieurs , tous les traits dont le naturaliste a besoin de constater la pré- sence et de reconnaître la nature.

Le texte olTre , pour chaque espèce figurée ^ non seulement une description détaillée de l'animal , mais encore des observations sur ses facultés , ses habitudes, son instinct et son intelligence, dignes des auteurs de ce texte précieux.

Des comparaisons soignées et des rapprochemens ha- biles montrent les rapports qui lient, les uns avec les^ autres , les espèces du même genre , les genres du même ordre , et les ordres qui composent la grande classe des mammifères.

L'ouvrage a d'ailleurs été exécuté de manière que tes figures et les textes qui y sont relatifs peuvent être séparés ou réunis , et offrir ainsi la classification mé- thodique que chaque naturaliste croira devoir pré- férer; et, ce qui ajoute beaucoup à l'importance de l'ouvrage , dont plus de vingt livraisons ont déjà paru , c'est que l'on y trouve des figures et des descriptions très - exactes , non seulement d'espèces dont l'image.

8 ESQUISSE D'UN COURS D'HISTOIRE,

n'avait jamais été donnée au public, mais encore d'un grand nombre d'autres espèces dont les naturalistes n'a- vaient aucune connaissance.

Les amis des sciences naturelles doivent donc une grande reconnaissance aux auteurs de la nouvelle his- toire des mammifères , et ils la leur doivent d'autant plus que les planches gravées lithographiquement, sous la direction de M. de Lasteyrie , offrent ce qu'a produit pour eux de plus digne d'éloges cet art lithographique, avec lequel on rend si bien le fini et Je moelleux du pelage des animaux, et peuvent servir aux études d'un grand nombre de naturalistes qui n'auraient pas pu les acqué- rir, si les beaux dessins de M. Werner ou des peintres du Muséum avaient été multipliés par les procédés de la gravure ordinaire (i).

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Esquisse d'in cotjbs d'histoire , ou d'ux plan de LECTURES historique?, rapporté spécialement à l'ii^- FLUENCE des FEMMES, considcréc dans les différcns siècles et chez les différentes nations.

La plupart de ceux qui lisent des livres d'histoire, les lisent sans ordre , sans suite et sans méthode. Ils prennent au hasard des auteurs anciens ou modernes, des époques reculées ou récentes, et ils entassent dans leur esprit des notions vagues et confuses. Ils trouvent

(i) On souscrit pour cet ouvrage, à raison de i5 fr. ]a livraisou , à rétablissement lithographique de M. de Lasteyrie, rue du Bac, n°58. Chaque livraison est compose'e de 6 planches enlumine'es, papier Jésus vélin , accompagnée d'un lexle in-folio. Il en paraît une chaque mois.

RAPPORTÉ A L'INFLLENCI'] DES FEMMES. D

peu d'intérêt dans de semblables lectures , nécessairement mal dirigées, qui sont de continuelles divagations. Mais un cours complet de lectures historiques, bien ordonné et constamment suivi, pourrait offrir de grands avantages et un charme inexprimable. Il serait utile de déterminer d'avance, par un choix judicieux, les ouvrages qu'on vou- (h-ait lire, et l'ordre dans lequel on les lirait successive- ment. Cet ordre devrait être basé sur la chronologie, afin qu'on pût suivre, de siècle en siècle, les progrès et les déviations de la civilisation, et les différentes vicissitudes dont les nations ont tour à tour été la proie. La connais- sance et la distribution des tems peuvent seules établir de l'ordre dans l'histoire, et nous fournir le fild'Arîadne dans le vaste labyrinthe des tradili-ons et des annales humaines. Les époques sont comme des points de repos, d'où l'on con- sidère ce qui est avant et ce qui est après. On peut exami- ner, en s'arrêtant à ces stations convenues, la physionomie particulière de chaque nation et de chaque siècle. « La science des tems, a dit le savant M. Daunou (i), serait in- complète, inanimée et stérile, si elle ne comprenait point les progrès et les égaremens propres à chaque siècle. Un exposé chronologique, avec des traits distinctifs de chaque époque , qui est un guide nécessaire dans les études histo- riques, doit offrir une image rapide et successive des faits mémorables, des vicissitudes de la civilisation, des des- tinées du genre humain. » Il conviendrait ensuite de se proposera soi-même un rapport particulier sous lequel on envisagerait la marche des siècles et des peuples, et qui procurerait, dans ce genre de travail, une sorte d'unité d'action, d'intérêt et de but, qu'on demande dans une tragédie, dans un poème épique, dans un tableau, et en

(i) Leçons d'histoire au collège de France , en i8ifj.

10 ESQUISSE D'UN COURS D'HISTOIRE,

général dans toute composition , qui n'a de mérite qu'au- tant que les détails, bien combinés et habilement fondus, concourent à former un bel ensemble. La personne qui entreprend un cours d'histoire , doit choisir avec soin ce rapport spécial qu'elle se propose d'étudier et d'approfon- dir, de manière qu'elle y trouve pour elle-même, et sui- vant la nature de son esprit, son goût et sa destination, une instruction utile et une occupation agréable.

Un militaire s'attachera particulièrement, dans ses lec- tures historiques, à Vart militaire , à ses premiers et in- formes essais, à ses procédés plus ou moins compliqués, aux modifications qu'il a subies. Un diplomate rappro- chera, pour les comparer, les traités , les conventions , les alliances et les relations de tout genre entre les peuples , ainsi que les variations qu'ont pu subir le droit des gens et la politique générale, suivant les époques et les formes de l'organisation des sociétés. Un jurisconsulte saisira les traces et les caractères des législations qui se sont succédées ou modifiées dans les diflférens âges du monde , dans les différentes contrées de la terre, et aux diverses périodes de la civilisation , en appréciant l'influence salu- taire ou malfaisante que ces législations ont exercée sur la liberté et sur la moralité des peuples, sur la prospérité des états, sur la stabilité des gouvernemens. Un moraliste recherchera les coutumes, les usages, les mœurs; il s'oc- cupera des causes qui ont pu les produire; il voudra observer les nuances qui les distinguent. Un médecin étudiera les grands événemens publics et les principaux phénomènes qui intéressent Vart de guérir, considéré sous le double rapport des choses et des personnes , soit des découvertes, des systèmes, des doctrines successivement professés dans l'école , soit des maladies épidémiques qui ont désolé des villes ou des contrées entières, soit enfin

RAPPORTE A L'INFLUENCE DES FEMMES. 11

des personnages distingués, ou des grands médecins, qui

ont fait avancer la science.

Un lecteur assidu et laborieux pourra même ne point se borner à un seul rapport, mais fixer son attention sur un plus grand nombre d'objets. L'observateur philosophe, qui embrasse dans sa pensée les grands intérêts de l'hu- manité, pourra jeter un coup d'œil général sur les divers élcmcns de la civilisation rapprochés et comparés dans les dift'érens pays.

Chacun , pouvant ainsi prendre à son choix et considé- rer dans l'histoire , comme dans une grande école des sciences morales et politiques, un ou plusieurs sujets par- ticuliers , donne plus de précision et de fixité à son esprit, en lui offrant un but déterminé dans ses recherches, et un mobile puissant pour exciter et entretenir son activité. L'esprit n'acquiert pas seulement, par cette habitude sa- lutaire, un plus grand degré de pénétration, de justesse et d'énergie, mais aussi plus d'étendue et de force d'obser- vation, et une manière plus large de voir les choses. Il s'habitue à remonter des effets à leurs causes , aux ressorts ou aux agens moteurs , et à redescendre de ces causes pro- ductrices aux effets ou aux résultats. En même tems' qu'on donne plus de rectitude, d'étendue et de vigueur à l'es- prit, et qu'on le fortifie dans l'exercice de l'observation et de la méditation, on réunit les trois avantages de cultiver et d'orner la mémoire, d'exciter l'imagination, de former le style; car on doit fixer par écrit, dans des tables coor- données, dont nous présenterons bientôt le modèle, un résumé analytique des faits les plus remarquables qui ap- partiennent au rapport particulier qu'on a choisi.

Supposons maintenant que des femmes, dont la sensi- bilité plus délicate et plus vive rend leur goût plus fin et plus sûr, leur jugement plus exquis, mais dont l'éducation ,

12 ESQUISSE D'UN COURS D'HISTOIRE,

en général trop superficielle, les habitue à ne rien appro- fondir, et nuit au développement de leurs facultés, veuil- lent appliquer à leur usage ces idées préliminaires, et faire, pour leur instruction , un cours complet et suivi de lectures historiques. Voici l'un des points de vue qui paraîtrait le mieux leur convenir :

L'Influence MORALE ET POLITIQUE des femmes, considérée chez tous les peuples , dans tous les siècles, et tour à tour dans les différentes sphères de la vie privée et de la vie publique , est un objet digne de fixer la curiosité et la mé- ditation. Cette influence du sexe le plus faible sur le sexe le plus fort, qui rétablit entre eux l'équilibre, est une loi de la nature, dont la société, les législateurs, les gouver- nemens doivent s'emparer et faire l'application, pour l'avan- tage de l'espèce humaine. C'est à la fois un sujet gracieux et sérieux, qui sourit à l'imagination, qui plaît à la raison, qui éclaire l'esprit et nourrit le cœur, qui se lie à toutes les affections douces, tendres, généreuses, à tous les sen- timens nobles, à toutes les pensées profondes. L'histoire, étudiée sous ce point de vue , offre des tableaux animés, des récits attachans et instructifs aux observateurs des deux sexes. Mais les femmes surtout peuvent y puiser des leçons et des exemples salutaires. Elles apprendront, par des faits multipliés, reproduits sous toutes les formes et à toutes les époques , quelle est la puissance réelle de leur sexe, sou- vent inaperçue, mais toujours active, et comment cette puissance, bien ou mal dirigée, devient un levier utile pour élever l'homme aux plus hautes conceptions, aux en- treprises les plus hardies, aux actions les plus difficiles et les plus louables, ou bien un véritable fléau pour l'espèce humaine, qui est quelquefois entraînée par cette même cause, devenue malfaisante et corruptrice, dans les plus affreux abîmes de la dépravation et du malheur.

RAPPORTJÎ A L'INFLUENCE DES FEMMES. 13

La moitié la plus intéressante du genre humain devient alors comme un seul et même personnage, qu'on peut suivre et observer dans toutes les périodes de l'histoire, dont on étudie à fond l'action et l'influence, difTéremrnent modifiées par l'éducation, par la législation, par les mœurs et par l'esprit général des sociétés. On recueille une foule de faits curieux, d'anecdotes instructives, d'événemens, de portraits, de caractères épars çù et , qu on réunit en faisceau, ou qu'on dispose dans une vaste galerie. L'his- toire , sans rien perdre de sa dignité et de son utilité, prend la couleur et l'intérêt d'un roman, riche en épisodes et en aventures bizarres ou tragiques , toujours variées , quoique rapportées à une même considération générale.

Dés l'origine du monde, nos livres sacrés font paraître, sur la scène de l'histoire , la compagne d'Adam, Eve, qui séduit son époux et le porte à la désobéissance envers le Créateur. Adam, chassé du Paradis, est condamné, ainsi que toute la race humaine, à travailler, à souffrir et à mourir : la première femme devient la première cause de toutes les misères qui affligent notre vie.^

L'histoire des Hébreux nous offre tour à tour, dans des situations et avec des détails plus ou moins attachans , mais qtri nous font connaître leurs coutumes et leurs mœurs, les épouses d'Abraham et des autres patriarches, de Loth, de Jacob, de l'égyptien Putiphar : la rivalité de Sara, mère d'Isaac, et à''Agar, obligée de fuir dans le dé- sert avec son fils Ismaël, fournit des épisodes toiichans qui ont souvent inspiré les peintres et les poètes. Nous re- cueillons avec intérêt les circonstances qui accompagnent la naissance de Moïse , destiné à sauver les Israélites, et sauvé lui-même dans son berceau par 2Viermatis, fille du roi Pharaon. Nous remarquons la tribu de Benjamin pres- que entièrement anéantie pour avoir abusé de la femme

lA ESQUISSE D'UN COURS D'HISTOIRE,

d'un lévite ; la prophélesse Dèhora excitant la valeur des troupes par ses cantiques; le sacrifice de la fille de Jephté, juge et chef d'Israël; le triomphe de l'innocente Susanne, d'abord injustement condamnée; Samson privé de sa force et livré aux Philistins par l'artificieuse Dalila ; Saiil con*» sultantla Pythonisse de Hendor; la fille de Saûl, Michol, qu'avait épousée le roi David, dérobant son mari aux pour- suites de son père; la colère de David adoucie par la beauté , les grâces et la prudence ô.'Abigaïl, femme de Nabal; ce inême roi oubliant sa gloire^ ses devoirs et son Dieu dans les bras de Bethsahée ; NicausiSj reine de Saba , rendant hommage à Salomon comme au plus sage des hommes et au plus magnifique des rois , et la sagesse de Salomon succombant sous l'influence des plus honteuses voluptés ; un autre roi d'Israël , Achab , entraîné par son épouse Jèsabel, reine orgueilleuse et impie, dans les voies de l'injustice et du crime; la fille de Jésabel, la cruelle Athalie, mise à mort par ses propres soldats, et la pieuse Jozahet, s'unissant au grand-prêtre Joïada pour sauver le jeune roi Joas ; la ville de Béthulie délivrée par le dévoue- ment de la fière et audacieuse Judith ; enfin, la touchante Esthevy triomphant d'Assuérus, et sauvant, par son heu- reuse influence , une nation entière Touée à la proscrip- tion.

Dans la religion poétique des Grecs , la compagne de Deucalion, Pyrrha, devient, après le déluge, la seconde mère du genre humain. Cèrès partage avec Triptolème l'honneur d'avoir enseigné aux hommes l'usage de la charrue , et d'avoir policé leurs mœurs par l'agriculture. Le premier vaisseau qui paraît sur les côtes de la Grèce porte les cinquante filles de Danaus.

L'Olympe des anciens n'est pas moins peuplé de déesses que de dieux, qui reçoivent également les hommages des

RAPPORTÉ A L'INFLUENCE DES FEMMES. 15

mortels. Junon préside aux mariages et aux accoiichemens; Vénus, à la beauté; la savante et belliqueuse Minerve protège à la fois les arts et les guerriers; la chaste Diane, les vierges et les chasseurs. Amphitrite règne au sein des mers; la présence de Proserpine embellit jusqu'au sombre empire de Pluton. Hèhè est la déesse de la jeunesse; Flore est celle des fleurs et des jardins ; à Pomone appartient l'empire des fruits et des vergers. Les Dryades et les Nymphes animent les arbres et les forêts ; les Naïades se jouent dans les eaux; Its Muses inspirent les poètes; les Grâces conduisent les amours; les Parques tiennent dans leurs mains nos fragiles destinées ; les Furies , armées de serpens, poursuivent les criminels ; et l'affreuse Nèmésis s'assied, à côté des tyrans, sur leurs trônes ensanglantés.

Ainsi, la mytboiogie qui retrace, dans les objets de la croyance et de la superstition des peuples, une image de leurs coutumes et de leurs mœurs, consacre de mille ma- nières, par ses fictions ingénieuses, l'influence et la puis- sance du beau sexe , également actives et dominatrices dans le ciel et sur la terre.

Les traditions des tems héroïques nous offrent le farouche Hercule, vainqueur des brigands et des monstres des fo- rêts, filant aux pieds di' Ompliale , et recevant des mains de Dêjanire la tunique empoisonnée du centaure Nessus ; puis Antiope , reine des Amazones, vaincue et prise par Hercule, qui la donne pour épouse à Thésée ; la jeune et belle Ariadne, servant de guide au même prince dans le labyrinthe de Crète ; Phèdre brûlant pour Hippolyte d'une ardeur incestueuse; la fierté sauvage d'Hippolyte vaincue par la douceur et par les charmes dH Aricie ; Mèdée secon- dant les travaux de Jason ; le palais des Atrides agité par les tempêtes de l'Amour, de la Jalousie, de la Vengeance, que des femmes ont soulevées. Nous donnons encore des

ie ESQUISSE D'UN COURS D'HISTOIRE,

pleurs à la tendresse fraternelle (TElectre et à la piété filiale A''Antigone. Les noms de Clytemnestre, d'Iphigénie, de la sage Pénélope; la trop fatale beauté ^Hélène, les malheurs à'JIécube, A''Andromaque , de Polixène ; les jalouses fureurs d'Oreste, qui veut s'assurer par la mort de Pyrrhus la possession A^Hermione^ s'unissent dans nos souvenirs aux exploits des héros grecs et troyens , com- battant sous les murs d'Ilion.

Si nous arrivons aux tems historiques, le royaume d'Assyrie nous transmet le nom de la superbe Sèmiramls; Artémise, reine de Carie, devientcéIèbre,long-tems après, par l'immortel hommage que sa tendresse conjugale rend aux mânes de Mausole; Panthée, femme d'Abradate, roi de Suse , se tue de désespoir sur le cadavre de son époux. Nous conservons encore la mémoire de plusieurs autres reines fameuses dans l'antiquité : de Thomyris _, reine des Messagètes; de la reine des Amazones, Thalestris , con- .temporaine d'Alexandre; àeLaodice, reine d'Antioche; de Teuta, reine d'Illyrie; de plusieurs reines d'Egypte, qui portaient le nom de Cléopâtre, et qui ont agité cette contrée par de fréquentes révolutions, et arraché le sceptre à des princes; dCAlexandra, reine de Judée, qui s'empare du trône; Ag. Bérénice ^ qui avait inspiré cette passion im- périeuse dont Titus eut la gloire de triompher; de Boa- dicée, reine de Britannie, et de Zènobie, reine de Palmyre et d'Orient, qui succombent l'une et l'autre sous la for- lune des Romains.

Ces noms et tant d'autres de femmes célèbres, qui sur- nagent dans l'océan des siècles, viennent confirmer la vérité générale que nous avons avancée. Dans tous lef tems, sous tous les climats, dans tous les gouvernemens. à toutes les époques de la civilisation, dans les monarchie; absolues, comme dans les républiques; chez les peuples

RAPPORTE A L'INFLUENCE DES FEMMES. 17

chasseurs, pasteurs et nomades; chez les nations agricoles, guerrières, commerçantes, libres ou esclaves, de mœurs simples ou corrompues, l'influence des femmes s'est hki- nifestée par des preuves publiques et solennelles, par de grands événemens , par une foule de faits irrécusables, dont les monumens subsistent encore.

La fugitive Didon, portant ses pénates au-delà des mers , va jeter sur le rivage africain les fondemens de Carthage. Le nom et les poésies de Sapho passent à la postérité avec les noms et les vers d'Homère, d'Anacréon et de Pindare. La prêtresse de Delphes attire par ses oracles les différens peuples de la Grèce.

Chez les Spartiates, nous admirons plusieurs traits héroïques, qui caractérisent les femmes formées par la législation de Lycurgue. Nous remarquons des coutumes et des institutions puisées dans une connaissance profonde du cœur humain , qui donnent une plus grande force et une meilleure direction à l'influence des femmes sur les hommes, et surtout à celle des jeunes filles ur les jeunes gens. Cette influence devient, par le génie du législateur, un des puissans mobiles de l'esprit public. Nous croyons encore assistera ces fêtes, à ces cérémonies nationales, les chansons publiques des jeunes filles lançaient des traits satiriques sur les citoyens et sur les guerriers qui {avaient mal rempli leur devoir, et célébraient par leurs ilouanges ceux qui avaient fait des actions dignes de mé- moire. « Elles embrasaient ainsi, dit Plutarque, les cœurs ides jeunes citoyens de l'amour de la gloire et de la vertu : elles allumaient entre eux une noble jalousie, une salu- taire émulation. » Les guerriers étaient excités , dans les .eux et dans les combats, par cette acclamation solennelle : " Souviens-loi que les embrassemens de ta belle compagne •' seront le prix de tes exploits. » A la bataille de Sellasie, FoME X. Avril 1821. 2

18 ESQUISSE D'UN COURS D'HISTOIRE,

le roi Cléomène , voyant son frère enveloppé par les en- nemis, et jugeant qu'il n'était plus possible de le sauver : « Mon frère, s'écrie-t-il, tu es perdu; mais tu meurs au champ de la gloire, et tu vertu sera éternellement le sujet des éloges et des chants des femmes de Sparte. »

Les mœurs de Lacédémone nous montrent le mariage et la paternité honorés, la population encouragée^ les céliba- taires privés des respects dus à la vieillesse. Les hommes sont courageux, parce que les femmes inspirent et ré- compensent leur courage : ils sont citoyens, et ils ont une patrie, parce que les femmes sont citoyennes. La mère de Brasidas s'applaudit qu'on ait trouvé un grand nombre de Spartiates dignes d'être préférés à son fils. L'amour de la patrie l'emporte sur l'esprit de famille et sur la tendresse maternelle. La mère de Cléomène, envoyée comme otage auprès du roi Ptolémée , ne veut pas que, pour sauver sa vie, son fds néglige de conclure avec les Achéens une alliance utile aux intérêts de l'état. Sous le règne d' Agis, la mère de ce jeune roi et les dames de sa cour pressent les autres femmes de Lacédémone de favoriser le projet) du monarque tendant à rétablir dans son ancienne vi-i gueur la discipline laconique. « Les LacédémonienS; ajoute Plutarque, avaient de tout tems une grande défé- rence pour leurs femmes , et leur laissaient plus de pou- voir et d'autorité dans les affaires publiques , qu'ils n'er prenaient eux-mêmes dans leurs affaires particulières e dans l'intérieur de leurs maisons. »

Qui n'a pas recueilli avec attendrissement et vénératioi le généreux exemple de dévouement donné par Chélonide fille de Léonidas, roi de Sparte, qui s'attache tour à tour par une vertueuse inconstance, à la destinée de son pèri proscrit par son époux, et à celle de son époux, quand est poursuivi par la vengeance de son père ? Léonidas II

RAPIPORTÉ À L'INFLUENCE DES FEMMES. 19

:hassé du trône de Sparte, avait été remplacé par son 2;endre Cléombrotus; et la femme de Cléombrolus , quit- tant son mari devenu roi, s'était rendue la compagne irolontaire des malheurs de son père, détrôné et fugitif. Mais bientôt Léonidas fut rappelé dans son royaume , et Cléombrotus était proscrit à son tour. Alors Chélonide , jui avait embrassé le parti de son père malheureux et »'était associée à son exil, et qui avait abandonné son îpoux élevé au faîte de la puissance, voyant celui-ci tombé dans la disgrâce, et son père rétabli dans sa pre- mière dignité, n'hésita point à changer comme la fortune, et à quitter Léonidas, devenu roi, poursuivre Cléombrotus devenu malheureux. On la vit assise auprès de son mari, suppliante comme lui , et le tenant tendrement embrassé avec ses deux enfans à ses pieds. Tous ceux qui étaient présens fondaient en larmes, et admiraient cet amour con- jugal et cette vertu si rare. L'infortunée Chélonide, mon- trant ses habits de deuil et ses cheveux épars et négligés : « Mon père, s'écriait-elle, ces vêtemens lugubres, ce visage abattu et cette grande affliction vous me voyez, ne viennent pas de la compassion que j'ai pour Cléom- brotus; ce sont les restes et les suites du deuil que j'ai pris pour tous vos malheurs et pour votre fuite de Sparte. Que dois-je donc faire aujourd'hui ? . . . dois-je, pendant Ique vous régnez à Sparte , et que vous triomphez de vos ennemis, continuer à vivre dans la désolation et le déses- ipoir ? ou dois-je prendre des robes magnifiques et royales, quand le mari que vous in' avez donné dans ma jeunesse est poursuivi par vous, sous mes yeux, et menacé d'être égorgé par vos propres mains ? S'il ne peut désarmer votre tolère, ni vous fléchir par les larmes de sa femme et de -t- enfans, sachez qu'il souffrira un supplice plus cruel que I t;lui que vous lui préparez, lorsqu'il verra son épouse, qui

2*

20 ESQUISSE D'UN COURS D'HISTOIRE,

lui est si chère, mourir avant lui. Car, comment pourrai- je vivre j comment pourrai-je me trouver avec les autres femmes de Sparte, moi qui n'aurai pu, par mes prières , toucher de compassion, ni mon mari pour mon père^ ni mon père pour mon mari, et qui, femme et fille, me serai toujours vue également malheureuse, et toujours un objet de mépris pour les miens ? Quant à mon époux, s'il a pu avoir quelques motifs apparens pour excuser sa conduite, je les lui ai ravis, en le quittant et en prenant votre parti, pour servir presque de témoin contre lui-même. Et vous, vous lui fournissez des moyens plausibles de colorer son injustice, en faisant voir par vos actions que la royauté est un bien si précieux et si désirable, qu'on peut, pour l'obtenir, égorger ses propres enfans et sacrifier tout le bonheur de sa famille et les plus douces affections de la nature. »

Lorsque Agis, roi de Sparte, jeune et sensible, confiant et vertueux, eut succombé sous les efforts d'une faction ennemie, par les intrigues de Léonidas, auquel il avait sauvé la vie, sa veuve Agiatis s'unit à Cléomène, et le conjura de suivre sur le trône l'exécution des plans de sorj premier époux. C'est vme femme qui inspire le noble pro- jet de rétablir la discipline et les lois de Lycurgue.

A l'époque Pyrrhus fait le siège de Lacédémone, les habitans délibèrent d'envoyer les femmes en Crête, mai: elles s'y opposent; l'une d'elles, nommée Archidamie prend une épée , entre dans le sénat, et , poi'tant la paroi au nom de toutes les autres, demande à tous ces homme assemblés s'ils ont été assez injustes envers elles pou supposer qu'elles puissent encore aimer ou souffrir la vi après la ruine de Sparte. Comme on s'occupait ensuite d tirer une tranchée parallèle au camp des ennemis, le femmes et les filles vinrent aider les hommes employés

RAPPORn-: A L'IISFLUENCE DES FEMMES. 21

ce travail; et, après avoir invité ceux qui devaient com- battre à se reposer pendant la nuit, elles mesurèrent la longueur de la tranchée , et en prirent pour leur triche la troisième partie , qu'elles eurent achevée avant le jour. (Elle avait six coudées de largeur, quatre de profondeur et huit cents pieds de long. ) Dès que le jour parut, les ennemis commençant à se mettre en mouvement, elles présentèrent elles-mêmes les armes à tous les jeunes gens ; et, leur laissant la tranchée qu'elles avaient faite, elles les exhortèrent à la bien garder, et leur représentèrent vivement quelle douceur ce serait pour eux de vaincre aux yeux de leur patrie, ou quelle gloire de mourir entre les bras de leurs mères et de leurs femmes , après s'être . montrés dignes de Sparte par leur valeur.

Les vieillards et la plupart des femmes étaient de l'autre côté de la tranchée, et voyaient les exploits et les grands faits d'armes d'Acrotatus, guerrier lacédémonien, qui, après le combat, traversa encore la ville pour retourner à son premier poste, couvert de sang, joyeux et fier de sa victoire. En cet état, il parut, aux yeux de ces femmes, plus grand et plus beau, et il n'y en eut pas une, dit Plu- tarque, qui ne portât envie à Chèiidonide d'avoir un amant si généreux.

Les Lacédémoniens se défendirent avec une ardeur et une intrépidité qui suppléèrent à l'infériorité de leurs forces. Les femmes ne les abandonnaient point , mais se tenaient toujours auprès d'eux, occupées à leur donner des armes , à fournir à leurs besoins , à retirer et à panser les blessés.

Ainsi, de nos jours, les braves Lilloises, s'associant à la gloire de la défense de leur ville, s'exposaient, sur les rem'parts, aux bombes et aux boulets, partageaient les

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fatigues et les dangers de leurs maris et de leurs fils, et menaçaient de l'ignominie et des derniers supplices qui- conque aurait pu songer à se rendre. Leur dévouement magnanime inspira leurs concitoyens^ et créa des héros.

La rudesse farouche et la fierté presque sauvage des Spartiates n'empêchent pas que leur histoire ne fournisse un très-grand nombre d'exemples qui attestent quelle fut chez eux l'influence des femmes. Les annales des Athéniens, peuple poli et plein d'urbanité, amolli et voluptueux, reproduisent des faits du même genre, qui reçoivent d'autres modifications , d'après la difi'érence de leur caractère et de leurs mœurs.

Dans Athènes , l'ambitieux Périclès et le sage Socrate recherchent également les entretiens et le suffrage de la belle et spirituelle Aspasie. Elle s'attachait, dit Plutarque, aux plus puissans et aux premiers citoyens, et gouvernait ainsi les plus grands personnages de la république. . Après que Phocion eut été condamné à boire la ciguë, et que son cadavre même fut exilé du territoire de l'Attique, une dame de Mégare célèbre ses funérailles, lui consacre un bûcher et recueille ses cendres. C'est une femme qui répare, autant qu'il dépend d'elle, l'injustice des Athé- niens envers un grand homme, et qui devance pour lui l'opinion de la postérité.

L'orateur Démosthène reprochait à la Pythie de philip- piser; un monarque astucieux avait cru devoir gagner Ig prêtresse pour assurer ses succès.

Dans la guerre de ce même Philippe avec les Athéniens, ceux-ci, ayant pris les courriers du roi , ouvrent toutes le; lettres, mais respectent celles de la reine Olympias , sor épouse, et les lui renvoient, sans en briser le sceau.

L'histoire a consigné la' répartie courageuse d'une femme

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à laquelle ce même prince refusait de rendre justice : « We poiis mêlez donc pas d'elre roi. » Frappé de sa ré- ponse, Philippe fait droit à sa réclamation.

Chez les femmes Spartiates, on voit dominer lecouraj^e, l'héroïsme, l'amour de la patrie, des passions fortes et généreuses; chez les femmes athéniennes, on trouve des sentimens moins énergiques et moins profonds, le désir de briller, l'ambition, la vanité, l'amour de la célébrité ou de la gloire. Les mœurs des deux nations offrent les mêmes différences; et, quoiqu'on puisse les imputer à plusieurs causes réunies , on ne peut se dissimuler, en reconnaissant chez l'un et l'autre peuple une première action du climat, de la législatimi , du gouvernement, de l'éducation, de l'opinion publique sur le caractère et la conduite des femmes, qu'il existait aussi une réaction non moins puissante de l'influence des femmes sur la législa- tion, le gouvernement, l'éducation, l'opinion, et sur les mœurs et le caractère du peuple.

La fameuse courtisane Phriné, attachée au sculpteur Praxitèle, qui fit sa statue, dont nous admirons peut-être encore les proportions et la beauté dans cette Vénus de Médicis, chef-d'œuvre de l'antiquité, attribué au ciseau de cet artiste célèbre, offrit de rebâtir à ses dépens les murs de Thèbes, pourvu qu'où y mît cette inscription: « Alexandre a détruit Thèbes, et Phriné Va rétablie. »

La vie de cet Alexandre, dont la déplorable folie lui fit préférer le rôle de conquérant aventurier et de fléau des nations à celui de grand roi, fournit une foule d'exemples de femmes qui exercent leur influence , plus ou moins directe et puissante, sur ses actions et sur sa gloire. Sa conduite noble et généreuse envers la mère, la fctnnie et les filles de Darius, lui concilient plus de suffrages que ses conqu-C'lcs. 11 sait honorer le malheur et admii'cr le-

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2A ESQUISSE D'UN COURS D'HISTOIRE,

courage et la ■vertu. Lors de la ruine de Thèbes , Timocléa, faite prisonnière par les Thraces, est amenée devant lui; interrogée par le roi, qui veut connaître son nom : « Je suis, répond-elle, la sœur de Théagètie, qui a combattu contre Philippe uotre père pour la liberté de la Grèce , et qui a été tué à la bataille de Chéronêe il commandait. » Alexandre, admirant la réponse noble et généreuse de cette femme, ordonne qu'on la laisse aller en liberté avec ses enfans. Son respect pour sa mère Olympias est un de ses titres à la gloire, Antipaterlui ayant écrit une longue lettre conti-e elle, il dit, après l'avoir lue : « Cet homme ignore qu^une seule larme d'une mère suffit pour effacer mille lettres comme la sienne. »

Sa vengeance cruelle , livrant aux flammes le palais de Xercès et les murs de Persépolis , est le crime d'une vile courtisane qui excite sa fureur. Le vainqueur du monde est vaincu par Thials , dont les yeux étincelans d'une coupable joie commandent à son amant l'incendie et le ravage.

Mais Alexandre, plus maître de lui, quand ses courti- sans veulent l'ériger en dieu, se moque lui-même de l'opi- nion accréditée parleurs flatteries, et accueillie quelquefois par son orgueil ; il se reconnaît mortel par le double besoin du sommeil et de l'amour.

Toutes les républiques et les villes grecques, ainsi que les états en relation avec elles; la patrie d'Epaminondas, si res-^ pectueux envejs sa mère; celle deTimoléon, la fière et généreuse Thesta déclare à Denys-le-Tyran qu'elle préfère le titre d'épouse de Polixenus, banni pour la cause de la liberté, à celui de Denys, t3ran de la patrie; Argos. le roi Pyrrbus périt au milieu de ses succès , par la main d'une mère qui venge la mort de son fils; les monarchies contemporaines, tour à tour des reines intr*épides ou

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RAPPORTÉ A L'INFLLENCjE DES FEMMES. 25

efl'éminées, vertueuses ou co|Tompues, et d'autres femmes, sorties de différentes classes de la société , influent sur les destinées des rois et des peuples , nous offrent également les noms , plus ou moins illustres, de beaucoup de femmes qui ont honoré quelquefois leur sexe par de grandes actions^ •ou qui l'ont flétri par de grands crimes, et qui confirment, par des preuves multipliées, la vérité historique sur la- quelle nous appelons l'attention des femmes et celle des politiques et des moralistes.

Si nous arrivons aux annales de la république romaine, nous trouvons, à toutes les grandes époques de son histoire, des femmes qui jouent les principaux rôles, ou qui influent sur les événemens les plus importans.

Une femme dérobe aux bêtes féroces, et nourrit en secret le fondateur de Rome, qui, sans elle, périssait inconnu. L'enlèvement des femmes sabines allume la guerre entre les Sabins et les Romains. Ces mêmes femmes éplorées enchaînent la fureur des deux peuples, prêts à s'entr'égor- ger^ et le pinceau de notre David fait revivre devant nos yeux celte scène touchante et sublime. Les noms d'7Ze?-sï7/e et de Tarpeia s'associent dans l'histoire à celui de Romulus.

Le pieux et sage Numa fortifie sa puissance, en persua- dant à un peuple crédule et superstitieux qu'il a des en- trevues mystérieuses avec la nymphe Egérie.

La victoire des Horaces sur les Curiaces, qui conserve aux Romains leur domination sur le Latium, domination qu'ils doivent étendre sur l'Italie et sur le monde, est souillée par le meurtre d'une femme jugée indigne d'être Romaine, parce que ses pleurs sur la moBt de son amant semblent insulter au succès de son frère et au triomphe de sa patrie. Le génie de Corneille s'empare de ce fait historique pour émouvoir nos âmes, parla peinture énergique des mœurs romaines. L'ambition et la cruauté de l''épouse de ïarquin font

U ESQUISSE D'UN COURS D'HISTOIRE,

courage et la yertu. Lors de la ruine de Thèbes, Timocléa^ faite prisonnière par les Thraces, est amenée devant lui; interrogée par le roi, qui veut connaître son nom : « Je suis, répond-elle, la sœur de Théagè?ie, qui a combattu contre Philippe votre père pour la liberté de la Grèce , et qui a été tué à la bataille de Chéronêe il commandait. » Alexandre, admirant la réponse noble et généreuse de cette femme , ordonne qu'on la laisse aller en liberté avec ses enfans.- Son respect pour sa mère Olympias est un de ses titres à la gloire, Antipaterlui ayant écrit une longue lettre contre elle, il dit, après l'avoir lue : « Cet homme ignore quune seule larme d'une mère suffit pour effacer mille lettres comme la sienne. »

Sa vengeance cruelle , livrant aux flammes le palais de Xercès et les murs de Persépolis, est le crime d'une vile courtisane qui excite sa fureur- Le vainqueur du monde est vaincu par Thiaîs , dont les yeux étincelans d'une coupable joie commandent à son amant l'incendie et le ravage.

Mais Alexandre, plus maître de lui, quand ses courti- sans veulent l'ériger en dieu, se moque lui-même de l'opi- nion accréditée parleurs flatteries, et accueillie quelquefois par son orgueil ; il se reconnaît mortel par le double besoin du sommeil et de l'amour.

Toutes les républiques et les villes grecques, ainsi que les états en relation avec elles; la patrie d'Epaminondas, si res- pectueux envejs sa mère; celle deTimoléon, la fière et généreuse Tliesta déclare à Denys-le-Tyran qu'elle préfère le titre d'épouse de Polixenus, banni pour la cause de la liberté, à celui de Denys, tyran de la patrie ; Argos. le roi Pyrrhus périt au milieu de ses succès , par la main d'une mère qui venge la mort de son fils; les monarchies contemporaines , tour à tour des reines intrépides ou

RAPPORTE A L'INFLUENCE DES FEMMES. 25

efféminées, vertueuses ou cqi'rompues, et d'autres femmes, sorties de différentes classes de la société , influent sur les destinées des rois et des peuples , nous offrent également les noms , plus ou moins illustres, de beaucoup de femmes qui ont honoré quelquefois leur sexe par de grandes actions^ ou qui l'ont flétri par de grands crimes, et qui confirment, par des preuves multipliées, la vérité historique sur la- quelle nous appelons l'attention des femmes et celle des politiques et dea moralistes.

Si nous arrivons aux annales de la république romaine, nous trouvons, à toutes les grandes époques de son histoire, des femmes qui jouent les principaux rôles , ou qui influent sur les événemens les plus importans.

Une femme dérobe aux bêtes féroces, et nourrit en secret le fondateur de Rome, qui, sans elle, périssait inconnu. L'enlèvement des femmes sabines allume la guerre entre les Sabins et les Romains. Ces mêmes femmes éplorées enchaînent la fureur des deux peuples, prêts à s'entr'égor- ger^ et le pinceau de notre David fait revivre devant nos yeux cette scène touchante et sublime. Les noms d'Iletsi lie et de Tarpela s'associent dans l'histoire à celui de Romulus.

Le pieux et sage Numa fortifie sa puissance, en persua- dant à un peuple crédule et superstitieux qu'il a des en- trevues mystérieuses avec la nymphe Egérie.

La victoire des Horaces sur les Curiaces, qui conserve aux Romains leur domination sur le Latium, domination qu'ils doivent étendre sur l'Italie et sur le monde, est souillée par le meurtre d'une femme jugée indigne d'être Romaine, parce que ses pleurs sur la mort de son amant semblent insulter au succès de son frère et au triomphe de sa patrie. Le génie de Corneille s'empare de ce fait historique pour émouvoir nos âmes, par- la peinture énergique des mœurs romaines.

L'ambition et la cruauté de l^'épouse do Tarquin font

26 ESQUISSE D'UN COURS D'HISTOIRE,

naître les premiers mouvemens de l'indignation populaire, qui doit renverser le trône. L'outrage fait à Lucrèce et son noble et volontaire sacrifice excitent les principaux séna- teurs à chasser les rois. Le courage de l'héroïque délie se communique aux jeunes Romaines, ses compagnes, et ob- tient l'admiration dePorsenna, qui fait la paix avec Rome. La mère et l'épouse de Coriolan, Véturie et Volumnie , triomphent de son orgueil et de sa fureur, et sauventla patrie menacée. Un temple est alors consacré par les Romains à /a fortune des femmes. Lajeune et innocente Virginie.^